Fidèle à ses valeurs
Comment réduire nos déchets en faisant fi des tendances du jour et en restant fidèle à nos valeurs : adapter nos habitudes pour un avenir plus vert.
À la découverte de la Nouvelle-Écosse : Un regard sur les nombreux visages de la durabilité au sein de nos communautés, des habitudes bien ancrées aux défis quotidiens à relever pour un avenir vert dans la province. Retrouvez cet article dans les pages du Courrier de la Nouvelle-Écosse.
Un parcours international axé sur le voyage et la vie au fil de l’eau a tôt fait prendre conscience à Nicole et Jean-François de ce que signifie un mode de vie durable au quotidien. Respectivement professeure et ingénieur en électromécanique, aujourd'hui retraités, ils se sont établis il y a plus de vingt ans dans une petite communauté de la côte Sud de la Nouvelle-Écosse.
Pour Nicole, le concept de durabilité est clair et la clé d'un avenir sain : « La durabilité c'est de pouvoir amener chaque produit existant au maximum de son potentiel de vie, d'essayer d'excéder ce potentiel. Ça permet, ou en tout cas, si on le considère à grande échelle, ça devrait permettre d’économiser sur les nouvelles productions qui sont inévitablement source de déchets à plus ou moins long terme. »
Les déchets, un problème de taille.
Après avoir vécu et voyagé aux quatre coins du monde, l'importance de prendre soin de notre planète n'est que trop présente à leurs yeux : « Que ce soit le temps d’une balade, ou à la vue d’images ou d’un reportage d’ici ou d’ailleurs, on constate une croissance exponentielle des déchets à travers le monde. Même si l’envergure est différente suivant les endroits, c’est partout omniprésent. Et c’est proprement ahurissant !!! Et on voit comment cette quantité phénoménale de déchets de toutes sortes étouffe la nature, étouffe la vie tout simplement. »
Pour le couple, cette menace à nos ressources naturelles est en effet un véritable enjeu qui remet en question l'héritage que nous allons laisser à nos générations futures : « Mais, que va devenir la planète, et surtout, que vont devenir nos enfants si on étouffe toutes ces ressources et que la planète perd tout moyen de production ? À un moment, on atteindra un point de non-retour et la vie pourrait s’éteindre. »
Nicole appuie sur notre responsabilité, en tant que consommateurs, de limiter au maximum les déchets . L'importance de prendre conscience du problème, de s'informer sur les produits que nous achetons et sur l'impact de nos choix sur le marché mondial. Mais aussi et surtout l'importance de revoir les critères établis en ce qui a trait à notre société de consommation au sens large, tout simplement commencer par se poser la question : est-ce que j’en ai vraiment besoin ? « C’est basique, mais c’est juste du bon sens, et je constate que ça marche plutôt bien. »
Introduire des habitudes plus vertes.
Quant à incorporer le concept dans la vie de tous les jours, leur choix est sans appel, la durabilité fait partie intégrante de leur quotidien. Et pour ce qui est de découvrir et de mettre en place des habitudes plus écologiques, rien de mieux que de rester connecté avec le monde et de continuer à s'informer : « C’est souvent à l’occasion d’émissions ou d’articles sur le sujet, ou au détour d’un reportage que l’on découvre incidemment une nouvelle astuce, un nouvel emploi pour un objet qu’on aurait pensé ne plus pouvoir utiliser. On va alors s’en inspirer pour l’adapter à notre situation. »
Pour Nicole et Jean-François, les amis et la famille sont une grande source d'inspiration pour vivre de façon plus écologique. Une personne qui vous est proche et qui a déjà fait ses premiers pas vers un mode de vie durable est un atout de taille : « ils savent généralement ce qui va pouvoir s’adapter, s’intégrer et remplacer nos ‘‘vieilles’’ habitudes ou disons, certaines habitudes routinières qui peuvent être changées ou améliorées. »
Au nombre de ces changements qu'ils ont su intégrer avec succès dans leur routine au cours des dernières années : remplacer le papier absorbant et les lingettes jetables classiques par des modèles lavables. Un concept toutefois assez répandu dans le domaine de l'hygiène personnelle, en l'occurrence pour certains nouveaux parents qui ont décidé de faire le grand saut vers les couches lavables plutôt que d'utiliser leurs homologues jetables. Au niveau logistique, une chose de moins à inscrire sur la liste d'épicerie, mais aussi une économie de taille pour la bourse des ménages et un pas énorme vers une gestion plus durable des déchets.
Une nouvelle idée, une période d'essai, un ajustement difficile ? Pas vraiment. Ces nouvelles habitudes à instaurer ne sont pas forcément aussi intimidantes qu'elles le paraissent : « C’est souvent beaucoup plus facile de mettre en œuvre une nouvelle habitude de vie et de s’y adapter qu’on aurait tendance à le penser avant de la concrétiser. Et, il y a, je dirais presque chaque jour finalement, une petite satisfaction à réaliser ce pas de plus vers la réduction des déchets. Oui, c’est vraiment satisfaisant. »
Quant à l'impact de ces changements sur la dynamique familiale, le tout est plutôt bien géré pour ce couple à la retraite : « En général, comme nous ne sommes que mon mari et moi sous le même toit, le défi n’est pas très grand pour que chacun s’adapte aux changements et, c’est plutôt bien perçu par mon conjoint. »
Savoir s'adapter à ses propres besoins.
Il va sans dire que même avec toute la bonne volonté qui soit, ce ne sont pas toutes les nouvelles habitudes qui sont adoptées. Après une phase d'expérimentation, il s'avère que certaines idées pourtant séduisantes au départ ne sont tout simplement pas adaptées à la routine de certains et c'est très bien comme ça. Se mettre au vert ne devrait pas être synonyme de corvée et ne devrait pas causer de soucis. Pour que ça fonctionne à long terme, il est important que ce soit relativement facile à mettre en place et pratique au quotidien : « Il y a quelques temps, parce que notre sécheuse était tombée en panne, j’ai réintroduit provisoirement des étendages dans la maison, pour réaliser que finalement, ça me simplifiait la vie. Mais c’est vrai que nous ne sommes qu’à deux à la maison, et retraités. Ça ne conviendrait sans doute pas à tout le monde. »
Et quand on aborde le sujet de l'écologie, c'est bien entendu le processus global qui prime plutôt qu'un objectif final précis incontestablement difficile à évaluer. Pour ce couple de grands voyageurs dans l’âme, adopter un mode de vie durable ne s'arrête donc pas aux habitudes établies à la maison. Celui-ci se reflète à plus grande échelle. C'est d'abord et avant tout une réflexion sur l'influence générale que nous avons sur notre environnement, dans l'ensemble de nos activités. C'est mettre en perspective certains aspects de notre vie et faire en sorte qu'ils correspondent à nos valeurs : « Pour les voyages, il suffit d’appliquer autant que possible les mêmes règles qu’on applique à la maison. Essayer de ne pas trop se laisser séduire par les attraits inhérents aux hôtels ou autres hébergements de vacances. Prendre l’habitude de réfléchir juste quelques secondes à l’impact de nos choix autant chez soi que lors de nos déplacements. »
La durabilité, un état d'esprit.
Mais la vie durable au quotidien, est-ce réaliste et réalisable pour tout le monde? Absolument, selon Nicole et Jean-François qui gardent un esprit ouvert et n'ont pas peur de sortir des sentiers battus. Si certaines habitudes durables restent exclusives à Nicole, elle s'empresse d'ajouter que sa tendre moitié a, lui aussi, sa façon bien à lui d'être écolo : « De par ses compétences et ses intérêts, il a toujours été très créatif pour réutiliser tout ce qui peut l’être, en transformant, en modifiant, en réinventant. On ne jette rien, ça peut toujours servir. C’est sa devise, et c’est presque sa marque de fabrique. J’ai même parfois un peu peur de son côté inventif parce que sa créativité n’a pas beaucoup de limites. Mais ses réalisations parfois intrigantes ou pour le moins inattendues ont depuis toujours été une source d’étonnement, d’inspiration ou parfois même d’admiration dans notre entourage. Et, tout ça, c’est grâce au recyclage. »
Le recyclage, en effet, un procédé plein de potentiel et sur lequel on mise pour pouvoir rattraper les écarts de nos générations passées. Comment autrement réduire en quelques décennies l'impact de l'engrenage de plus d'un siècle de surconsommation mondiale ? Surtout lorsqu'on doit encore faire face à nos propres défis actuels en matière d'éthique économique : « Le besoin de suivre la mode ou les influenceurs, une dérive qui amène trop souvent à une surconsommation de produits aussi coûteux qu’inutiles et trop vite voués à se transformer en déchets. Il faut arriver à convaincre les jeunes, et moins jeunes quelquefois, de mettre les bonnes valeurs à la bonne place. Qu’ils se fassent une fierté de ne pas faire partie des " followers ", qu’ils trouvent leur indépendance en ne se sentant pas obligés de faire comme tout le monde. »
Un besoin de règlements plus stricts.
Pour Nicole et Jean-François, un style de vie orienté sur le minimalisme donc, en matière d'achats, et éloigné des dépendances matérielles. Un besoin de voir cette philosophie portée un peu plus loin, un peu plus haut peut-être au sein de notre gouvernement, et de sentir que des mesures concrètes sont mises en place pour rediriger les efforts en matière de protection de l'environnement.
Nicole précise vouloir « que s’améliore l’importance accordée à l’intérêt général et à la protection de la planète dans les décisions prises par tous les niveaux de gouvernement pour qu’ils priment sur les intérêts privés. Peut-être des réglementations plus strictes et une plus grande surveillance de l’application de ces règlements de la part des gouvernements par rapport aux déchets produits et rejetés par les industries de toute nature. On voit trop souvent des reportages qui démontrent qu’il y a encore des progrès à faire dans ce domaine. Mais, au niveau du consommateur, je trouve qu’on pourrait déjà commencer par améliorer la visibilité des signes de recyclage portés sur les emballages ou les produits eux-mêmes. »
Prochaines étapes.
Alors quelles sont les prochaines étapes dans leur quête vers un avenir durable ? Nicole mentionne vouloir se mettre aux achats en « vrac » qu'elle ne fait encore que très occasionnellement car selon elle cela demande une certaine réorganisation dans la gestion de l’espace. Elle compte donc s'y atteler dans un avenir proche.
Mais pour le moment, en plein cœur de notre beau printemps, vous pouvez être sûrs de les retrouver tous deux admirant leur magnifique jardin jalousement gardé à l'état naturel, rempli de fleurs sauvages et de pollinisateurs en plein ouvrage : « Je ne comprends toujours pas pourquoi quelqu’un a décidé un jour de détruire les pissenlits et autres plantes indigènes à grand renfort de produits toxiques qui ont contribué à nous amener à tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. J’aimerais tellement voir s’améliorer la perception que peuvent avoir certaines personnes de la nature, et qu’elles réalisent que ces décors champêtres ont inspiré les plus grands peintres. »
N'est-ce pas ? Alors pourquoi ne pas nous laisser convaincre, le temps d'une pause, de laisser un peu plus de champ libre aux espèces natives dans nos espaces verts et profiter, nous aussi, d'un petit moment de contemplation…
Contactez-nous pour vous aussi prendre la parole et partager votre vision de la durabilité. Nous sommes impatients d'entendre vos témoignages !